9
Des chemins qui se croisent presque

 

 

Le’lorinel avançait à grands pas anxieux, avides, rue Dollemand à Luskan, se rendant vers un logis où devait avoir lieu la rencontre avec un représentant de Sheila Kree. Tout se mettait en place enfin, la route vers Drizzt Do’Urden et la justice s’ouvrait !

L’elfe s’arrêta net, se retourna d’un bloc sur deux silhouettes vêtues de capes qui débouchaient d’une allée ; ses mains saisirent ses armes… Il lui fallut se calmer délibérément, prendre une grande inspiration. Ces deux-là ne lui voulaient aucun mal, ils ne lui prêtaient pas attention et suivaient sans souci leur chemin dans l’autre sens.

— Je m’en fais bien trop, se morigéna Le’lorinel à mi-voix, replaçant son épée et sa dague dans leurs fourreaux respectifs avant de lâcher un petit rire, de jeter un dernier regard au couple qui s’éloignait et de reprendre sa route.

Il s’agissait de ne pas perdre son but de vue : l’appartement, première étape vers Drizzt Do’Urden !

 

* * *

 

Drizzt et Catti-Brie, qui suivaient la rue Dollemand dans l’autre sens, ne remarquèrent même pas l’elfe qui avait pivoté, sur le point de les combattre s’ils s’étaient révélés une menace. Si le drow n’avait pas eu la capuche rabattue sur la tête, son épaisse chevelure blanche, longue, l’aurait peut-être trahi aux yeux vengeurs de Le’lorinel…

Les deux héros avançaient eux aussi avec hâte – dans la direction opposée –, car ils comptaient rencontrer Morik le Rogue, qui aurait des nouvelles de Wulfgar. Ils le retrouvèrent au lieu prévu pour le rendez-vous, assis à une table au fond de la taverne d’Arumn Gardpeck. Il leur sourit, leva sa chope de bière mousseuse pour les saluer.

— Alors, t’as nos renseignements ? demanda Catti-Brie en s’installant en face de lui.

— Tout ce que j’ai pu obtenir. (Le sourire du Rogue faiblit, il posa sur la table la bourse pleine que Drizzt lui avait remise.) Peut-être voudras-tu en reprendre une partie, supposa-t-il, poussant le petit sac vers les héros.

— Nous verrons bien, fit Drizzt, refusant l’objet.

Morik haussa les épaules, n’eut aucun geste vers l’argent.

— Je n’ai pas appris grand-chose sur Sheila Kree, commença-t-il. Pour être complètement honnête, le simple fait de poser ces questions m’inquiétait ! Les seules à en savoir beaucoup sur elle sont ses nombreux lieutenants – des femmes, toutes, qui n’aiment guère les hommes ! Ceux qui s’intéressent de trop près à Sheila Kree finissent en général morts ou contraints à l’exil, ce qui ne me tente pas du tout.

— Pourtant t’as dit que t’avais appris quelque chose…, l’encouragea Catti-Brie.

Morik hocha la tête, prit une gorgée de bière.

— La rumeur veut qu’elle ait son mouillage secret rien que pour elle quelque part au nord de Luskan, sans doute dans une des nombreuses criques qui marquent l’extrémité de l’Épine dorsale du Monde. C’est logique, puisque ces derniers temps on ne l’a guère vue à Luskan alors qu’elle est connue pour ne jamais voguer dans le Sud ! Je ne crois pas qu’on ait même jamais vu son navire au large d’Eauprofonde.

Drizzt et Catti-Brie échangèrent un regard. Sans le dire à haute voix, ils savaient qu’ils étaient d’accord : ils avaient chassé les pirates avec Deudermont pendant quelque temps, surtout dans les eaux au sud d’Eauprofonde, et n’avaient jamais entendu parler de ce pirate, Kree.

— Comment s’appelle son vaisseau ? demanda la jeune femme.

— La Quille ensanglantée. Le navire mérite bien son nom ! Sheila adore faire subir la grande cale à ses victimes… (Morik eut un frisson irrépressible, but encore un peu.) Je n’en sais pas plus, conclut-il.

Il poussa encore la bourse vers Drizzt.

— Davantage que j’aurais cru, déclara celui-ci en la refusant encore.

Cette fois, après un instant de battement où il quêta des yeux une confirmation, Morik la prit et la fit disparaître sous ses vêtements.

— Autre chose, dit-il alors que les héros se levaient pour partir. Tous mes informateurs m’ont dit qu’on n’avait plus trop vu Sheila depuis un moment. Il se peut très bien qu’elle se cache parce que Deudermont est après elle…

— Vu sa réputation et le fait qu’elle a Crocs de l’égide, tu crois pas qu’elle voudrait s’en servir pour couler l’Esprit follet de la mer ? supposa Catti-Brie.

Morik riait de bon cœur avant même qu’elle ait fini sa question.

— Kree n’est pas folle ! assura-t-il. Il faudrait l’être pour affronter ce vaisseau en pleine mer ; il a été conçu dans un but bien précis, que son équipage et lui remplissent avec une extraordinaire efficacité. Le pirate possède peut-être le marteau de guerre, mais Deudermont a avec lui Robillard, et il est fort, celui-là ! Sans parler de Wulfgar qui a dû embarquer lui aussi… Non, Sheila fait profil bas, elle a bien raison. Ce qui pourrait d’ailleurs se révéler à votre avantage… (Il se tut un instant, s’assura que les amis l’écoutaient attentivement. Tel était certes le cas !) Elle connaît mieux que personne la côte au nord d’ici. Certainement mieux que Deudermont qui navigue surtout dans le Sud. Si elle se cache, le capitaine aura le plus grand mal à la débusquer. Je pense que l’Esprit follet de la mer devra effectuer encore beaucoup de courses avant d’avoir la Quille ensanglantée en vue.

Les deux héros échangèrent un regard intrigué.

— Peut-être devrions-nous rester ici à attendre Wulfgar, proposa Drizzt.

— Le navire de Deudermont ne vient plus guère à Luskan, indiqua Morik. Son sorcier n’aime guère la Tour des Arcanes.

— Et puis le vaillant capitaine a un peu perdu de sa bonne réputation ici, je me trompe ? glissa Catti-Brie.

Le Rogue parut étonné.

— Deudermont et son équipage sont les meilleurs chasseurs de pirates qu’on ait jamais vus sur la côte des Épées, de mémoire même des plus vieux elfes ! protesta-t-il.

— En accordant son pardon à Wulfgar et à toi, je veux dire, précisa la jeune femme. (Sans s’en rendre compte, elle eut une grimace de dédain.) On s’est laissé dire que son intervention au Carnaval du Prisonnier a pas été vraiment appréciée par les magistrats…

— Ces imbéciles ! maugréa Morik. Oui, c’est vrai, la réputation du capitaine en a pris un coup ce jour-là, ce jour où il a obéi à la justice et non aux considérations politiques. Il aurait mieux valu pour lui les laisser nous tuer, mais…

— … il était trop honnête pour cela, compléta Drizzt.

— Deudermont a jamais aimé le Carnaval, rappela Catti-Brie.

— Il est donc probable qu’il se cantonne à un mouillage plus agréable, reprit le Rogue. Eauprofonde, sans doute, puisque c’est là qu’on le connaît le mieux, et aussi qu’il a une superbe demeure !

Le drow jeta un coup d’œil à son amie.

— Nous pouvons y être en une dizaine, suggéra-t-il. (La jeune femme acquiesça.) Nous avons été contents de te rencontrer, Morik. Merci pour le temps que tu nous as consacré.

Il s’inclina, s’apprêta à partir.

— On te décrit comme un paladin, mon bon elfe noir, déclara Morik, ce qui lui valut l’attention des deux héros. Juste pour les autres, sévère pour toi. Ne crains-tu donc pas de souiller ta réputation en faisant affaire avec des crapules comme Morik le Rogue ?

Drizzt répondit par un sourire chaleureux, modeste, qui mettait clairement en lumière l’absurdité de la question précédente.

— Tout m’indique que tu étais un ami de Wulfgar, assura-t-il, et je compte Wulfgar parmi mes meilleurs compagnons.

— Celui que tu as connu, ou celui que moi j’ai connu ? Peut-être ne sont-ils pas les mêmes…

— Mais peut-être que si.

Sur ce, le drow s’inclina encore, ainsi que Catti-Brie, et les héros s’en allèrent.

 

* * *

 

Le’lorinel entra avec précaution dans l’arrière-salle de la taverne, mains à l’épée et à la dague. Une femme – sans doute la représentante de Sheila Kree – était assise à l’autre bout de la pièce, contre le mur, sans même la protection d’une table devant elle. Deux énormes gardes la flanquaient de part et d’autre, des brutes à l’apparence non entièrement humaine ; un peu de sang orque, voire ogre, devait courir dans leurs veines !

— Entre donc ! fit la femme d’un ton détendu, aimable. (Elle leva les mains pour bien indiquer qu’elle n’avait pas d’armes.) Tu as voulu me rencontrer… voilà.

L’elfe baissa un peu sa garde, une de ses mains lâcha la poignée de sa lame. Un regard à droite, un autre à gauche, démontrèrent que personne ne se dissimulait dans cette petite salle à peine meublée. Le’lorinel fit un pas en avant.

Le crochet venu de nulle part, un coup violent, lui frappa la mâchoire à droite ! Seul le mur l’empêcha de tomber à terre. L’elfe lutta contre l’étourdissement qui gagnait son esprit, s’efforça de regagner son équilibre.

C’est alors que le troisième garde, le plus monstrueux, redevint visible : la dissimulation magique avait pris fin avec l’attaque. La brute, montrant dans un sourire mauvais ses dents jaunies, ébréchées et éparses, frappa encore. L’impact chassa tout l’air des poumons de sa victime.

Le’lorinel voulut dégainer, mais l’uppercut qui suivit l’atteignit sous le menton. Tout son corps fut projeté en l’air. Avant de sombrer dans l’inconscience, l’elfe vit encore les deux autres approcher. L’un d’eux avait enveloppé de chaînes son poing démesuré.

Il en frappa la tête de la dupe piégée, y allumant une multitude d’éclairs.

Puis tout devint noir.

 

* * *

 

— De l’information seulement ! Le prix n’est pas bien grand à payer, fit Val-Doussen d’un ton dramatique (conforme à celui dont il appuyait ses moindres paroles), en agitant les bras pour déployer ses amples manches telles des ailes de corbeau. T’en demandé-je donc tant ?

Drizzt baissa la tête, passa les doigts dans sa tignasse blanche, jeta en même temps un coup d’œil à Catti-Brie. Les deux amis s’étaient rendus à la Tour des Arcanes, le siège de la guilde des sorciers à Luskan, dans l’espoir d’y trouver un mage se rendant à Dix-Cités qui voudrait bien laisser un message à Bruenor. Ils savaient que le nain se faisait énormément de souci, et voulaient lui transmettre au plus tôt ce qu’ils avaient appris concernant Wulfgar. Même si ces nouvelles n’assuraient pas que le barbare soit en vie, elles semblaient l’indiquer.

On les avait aiguillés sur cet excentrique vêtu de robes noires, Val-Doussen, qui prévoyait depuis plusieurs dizaines d’aller à Dix-Cités. Ils ne pensaient pas lui demander un grand service, mais étaient néanmoins prêts à payer. Seulement, le sorcier à cheveux et barbe argent avait manifesté un intérêt démesuré pour Drizzt et son histoire !

Il voulait bien remettre un message à Bruenor, à la condition que le drow lui expose en détail tout ce qu’il savait de la société des elfes noirs à Menzoberranzan.

— Je n’ai pas le temps, répéta Drizzt, je me rends vers le sud, à Eauprofonde.

— Mais notre cher mage pourrait nous transporter là-bas en un clin d’œil ! remarqua alors Catti-Brie, prise d’une idée soudaine, tandis que Val-Doussen, nerveux, tiraillait sa barbe.

De l’autre côté de la pièce, un autre sorcier – un responsable de la guilde du nom de Cannabere – se mit à agiter frénétiquement les bras pour mettre en garde les visiteurs contre ce projet. Une expression d’inquiétude extrême marquait son visage ancien, buriné.

— Eh bien, euh…, commença Val-Doussen, réagissant à la suggestion de Catti-Brie. Certes, cela me demanderait un petit effort, mais c’est très possible. Moyennant une rémunération assez substantielle, bien sûr ! Voyons, que je réfléchisse… je veux bien vous translater à Eauprofonde en échange de deux mille pièces d’or et de deux jours d’histoires à propos de Menzoberranzan. Oui, voilà, ce serait très bien ! Ensuite, naturellement, j’irai à Dix-Cités comme prévu et parlerai à Bruenor – pour une journée supplémentaire de contes sur les elfes noirs.

Il leva des yeux brillants de cupidité sur Drizzt qui secoua la tête.

— Je n’ai pas de récit de là-bas, refusa le drow. J’ai quitté cet endroit avant d’en savoir grand-chose… En vérité, je suis certain que beaucoup, vous y compris, en connaissent davantage que moi sur Menzoberranzan !

Val-Doussen eut une grimace boudeuse.

— Disons alors un jour de contes pour que je remette ta lettre à Bruenor…

— Je ne raconterai rien sur Menzoberranzan, déclara fermement Drizzt. (Il sortit de sous sa cape le mot qu’il avait écrit à son ami nain.) Je vous paierai vingt pièces d’or – une belle somme pour un si petit service ! – et vous remettrez cette note à un conseiller de Bryn Shander, où vous allez de toute manière, avec instruction de la donner à Régis, délégué de Bois Isolé.

— Comment ça, un petit service ? s’écria théâtralement le sorcier.

— Nous avons passé plus de temps à débattre que vous en mettrez à satisfaire ma requête…

— Mais je veux écouter ces récits !

— Vous devrez demander à quelqu’un d’autre.

Drizzt s’apprêta à partir, Catti-Brie derrière lui. Le couple était presque à la porte quand Cannabere intervint :

— Il le fera.

Le drow se tourna vers le sorcier plus gradé, puis vers Val-Doussen qui paraissait fort mécontent. Cannabere considéra lui aussi son confrère, et confirma ses propos d’un hochement de tête à l’adresse de l’elfe noir. Le mage mortifié, après avoir poussé un grand soupir, vint prendre le message. Il tendait la main pour toucher le paiement indiqué quand Cannabere ajouta :

— Et gratuitement, Drizzt Do’Urden, pour vous remercier de votre bon travail à bord de l’Esprit follet de la mer !

Val-Doussen maugréa un peu, saisit sèchement le mot avant de s’écarter.

— Je trouverai peut-être un récit ou deux à vous faire à mon retour…, proposa Drizzt pour le calmer.

Le sorcier sortit de la pièce, toujours mécontent. Le drow regarda Cannabere qui s’inclina poliment.

Les deux héros partirent en direction de la porte de Luskan et de la route pour Eauprofonde.

 

* * *

 

Des liens creusaient des sillons dans les poignets de Le’lorinel, d’autres l’attachaient à une chaise de bois peu confortable à dossier droit. On était allé jusqu’à enserrer son cou d’une bande de cuir qui l’immobilisait ; la douleur faisait grimacer son visage.

Un de ses yeux ne pouvait s’ouvrir complètement après les coups reçus, ses deux épaules lui faisaient mal ; des ecchymoses mauves y apparaissaient déjà. On les voyait bien dans la mesure où l’elfe ne portait plus sa tunique… il ne restait plus beaucoup de vêtements sur son corps pour épargner sa pudeur !

La vision de Le’lorinel finit par s’éclaircir : les quatre mêmes pirates, les trois brutes et la femme brune de taille moyenne, étaient toujours dans la pièce. L’humaine, assise directement vis-à-vis de sa proie, ne la quittait pas des yeux.

— Ma dame n’aime guère qu’on arpente les rues en posant des questions sur elle, commença-t-elle en faisant courir son regard sur la silhouette musclée de Le’lorinel.

— Ne sait-elle donc distinguer les bonnes intentions des mauvaises ?

— Il est parfois difficile de les différencier, concéda la femme qui poursuivit son examen en souriant. (L’elfe eut un rictus railleur, et son interlocutrice fit un signe de tête. Un des gardes s’empressa de punir cette insolence d’un coup au visage.) Tu finiras par te faire tuer avec une telle attitude, énonça calmement le pirate. (Le’lorinel se tut, mais son regard était éloquent.) Bien. Tu as couru tout Luskan, tu voulais te renseigner sur Sheila Kree. Pourquoi ? Es-tu en cheville avec les autorités ? Peut-être avec ce misérable Deudermont ?

— Avec personne. Je n’ai aucune relation à l’ouest de Lunargent, répliqua l’elfe sans se démonter.

— Pourtant tu dégoises à n’importe qui un nom redouté en disant vouloir rencontrer la personne…

— Non. Je n’ai parlé de Kree qu’à un seul groupe de marins, et uniquement parce que je pensais qu’ils pouvaient me mener à elle.

La femme fit de nouveau un signe. La brute frappa de nouveau Le’lorinel au visage.

— Sheila Kree, corrigea l’interrogatrice. (L’elfe se soumit par un petit hochement de tête respectueux.) Explique-toi, tout de suite, et pèse tes mots ! Pourquoi veux-tu rencontrer mon capitaine ?

— C’est un voyant qui m’envoie ; il a dessiné la marque que j’ai montrée. (La femme leva devant ses yeux le parchemin où était inscrit l’emblème porté sur Crocs de l’égide, le symbole désormais étroitement associé à la bande de pirates sous les ordres de Sheila Kree.) Je recherche un ennemi redoutable, qui viendra bientôt pourchasser Kr… Sheila Kree. Je ne sais pas quand ni où, mais, selon les mots de ce voyant, c’est près de Sheila Kree que j’aurai une chance de combattre ce renégat – si elle a bien en sa possession l’arme porteuse de cet insigne.

— Un ennemi redoutable ? demanda la femme, l’air sournois. Voudrais-tu parler du capitaine Deudermont ?

— Drizzt Do’Urden. (Le’lorinel ne voyait pas de raison de déguiser la vérité, surtout quand des paroles malavisées pouvaient lui coûter, en plus de sa quête, sa vie même.) Un elfe noir, ami du précédent propriétaire de l’arme.

— Un drow ? s’étonna la femme.

Le nom qu’elle venait d’entendre ne semblait pas lui parler.

— Mais oui ! fit l’elfe avec impatience. Un héros des régions septentrionales. Beaucoup l’apprécient au Valbise… ou ailleurs.

La femme pirate parut intriguée, comme si elle se rappelait avoir entendu parler d’un tel drow, mais elle ne s’arrêta pas à cette idée et haussa les épaules.

— Il cherche Sheila Kree ? reprit-elle.

Le’lorinel haussa à son tour les épaules – ou les aurait haussées si ses liens ne le lui avaient interdit –, puis répondit :

— Je ne sais que ce que m’a révélé le voyant. J’ai parcouru des centaines de kilomètres sur la foi de sa vision ! J’ai l’intention de tuer le drow.

— Et quelle relation cela te donne-t-il envie de nouer avec mon capitaine ? N’est-elle donc qu’un pion destiné à faciliter ta quête ?

— Elle… sa demeure, ou forteresse, ou vaisseau, enfin là où elle réside, telle est ma destination. C’est tout, en effet. Pour l’heure, je n’ai aucune relation avec ton capitaine, et cette situation ne peut évoluer que selon sa volonté, puisque…

L’elfe se tut, jeta un coup d’œil significatif aux liens qui l’immobilisaient.

La femme observa ensuite un bon moment sa victime en réfléchissant à l’histoire étrange qu’on lui racontait, puis adressa un signe de tête à ses gardes, selon un code subtil mais clair pour eux.

L’un approcha rapidement de Le’lorinel, un long couteau à la lame ébréchée en main. Ses intentions étaient bien moins sinistres qu’elles en avaient l’air : il passa derrière la chaise de l’elfe et trancha les cordes à ses poignets. Un autre sortit de l’ombre au fond de la salle, apportant ses vêtements ainsi que le reste de ses affaires, à l’exception des armes et de l’anneau enchanté. Les gardes paraissaient vraiment déçus ; leur proie pour l’instant épargnée détourna le regard de leurs grimaces désappointées.

Tout cela n’était rien : la femme pirate portait désormais la bague magique indispensable pour avoir une chance de vaincre Drizzt Do’Urden !

— Rendez-lui aussi ses armes, ordonna-t-elle. (Les trois brutes la regardèrent avec incrédulité – ou peut-être une insondable bêtise.) Il y a bien du danger sur la route qui mène à Sheila Kree, et tu auras sans doute besoin de tes lames. Ne me déçois pas au cours de ce voyage, si tu veux pouvoir raconter ton histoire à mon commandant… cela dit, seul l’avenir dira si elle veut bien prendre le temps de l’écouter jusqu’au bout ou si elle préfère te tuer pour se distraire !

Le’lorinel devrait se contenter de cette perspective ; en attendant, il s’agissait de rassembler ses affaires, de se rhabiller sans hâte excessive, sans montrer aucune crainte des gardes monstrueux.

Le groupe de cinq voyageurs passait bientôt la porte nord de Luskan.

La Mer des Épées
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